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- Maçonnerie et médias
Bonjour,
En janvier 2011 les magazines ont une fois de plus fait leur couverture sur les franc maçons Express, Nouvel OBS, Le point, etc.… Je suis maçon depuis 18 ans et je n’ai rien à voir avec ce qui est dit dans ces articles à sensation. Que penses tu de la manière dont les médias en général nous traitent ?
Réponse
Bonjour Serge
Moi non plus je ne m’y retrouve pas… mais toi et moi nous sommes maçons et donc forcément suspects…
Pas possible de faire une analyse de fond qui prendrait le temps d’un bouquin.
Quelques remarques en vrac.
1. Ce n’est pas nouveau
La FM agace depuis qu’elle est sortie de son berceau. Dès le 18e siècle ceux qui n’en étaient pas ont soupçonné et flairé le complot. Florilège :
– « Les FM complotent contre l’église » dixit la bulle « In Eminenti apostolatus specula » de Clément XII (1738)
– « ils adorent Satan et font des sacrifices humains dans les temples maçonniques » délire de Léo Taxil (1886), reçu par le pape et les évêques, il a révélé lui-même sa mystification (1897)
– « Les maçons ont organisé la défaite de 1940 « : le complot judéo maçonnique fantasmé de l’extrême droite (1933 – 1945), etc…
Toutes ces grands esprits avaient des relais dans les médias de l’époque, on possède des exemplaires de leurs hallucinations au Musée maçonnique de la Grande Loge de France à Paris. Le reste est à l’avenant …
2. C’est un filon éditorial et ça va le rester
C’est un marronnier de grande culture, dans notre société hypermoderne où la grand messe du divertissement ringard télévisé, qui tient lieu d’office hebdomadaire, est nécessaire pour amener le niveau de conscience des consommateurs à l’état de sidération absolue indispensable à la consommation d’idées toutes faites.
Ce filon n’est d’ailleurs généralement pas exploité par les plus grandes plumes du journalisme qui se rendent compte sans doute de l’inanité de la chose.
On peut souligner également que ce sont certains médias seulement – et certains journalistes seulement – qui l’exploitent, avec une gourmandise bien entendu totalement désintéressée, n’ayant manifestement que le souci de la transparence – dont ils sont champions du monde – et en aucun cas celui du retour sur investissement… des philanthropes en somme.
Ils sont les « observateurs – acteurs » gourmands des turpitudes humaines qu’ils dénoncent du haut de leur bonne conscience. Un Flaubert l’aurait sans doute réduite en une phrase et deux formules définitives. Mais casser du franc maçon est le sport favori de tout petits maîtres à penser tout droit sortis d’une pièce de Molière, qui confondent la vitesse de déplacement de leur souris avec la vérité des faits et qui ont segmenté le marché éditorial comme on le fait dans les études de cas de marketing en terminale commerce et gestion.
Thème de prédilection : « les maçons, tous pourris, tous magouilleurs, le business, la politique, etc… il n’y a pas de fumée sans feu, etc … »
Habilement d’ailleurs ils le suggèrent sans le dire explicitement. C’est encore plus amusant.
Et puis c’est un modèle économique comme un autre … ça rapporte!
Des journalistes eux-mêmes le disent : les 2 ou 3 numéros annuels sur les maçons, en période de basses eaux éditoriales – janvier – juillet – parfois septembre – sont parmi les meilleures ventes de l’année.
Quand en plus il y a de la turpitude, les ventes explosent. De là à aider …
Comme dit le sage : s’il y a des consommateurs ce serait dommage qu’il n’y ait pas des fournisseurs.
Un sondage du 7 février révèle (est ce une surprise ?) que 60 % des français font une confiance limitée aux médias qui seraient, selon eux, trop engagés dans des stratégies financières.
Ah bon, il y aurait des stratégies journalistiques et il faudrait faire du racolage pour vendre? Pour une découverte en voilà une robuste! Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est 60% de français soit environ 39 millions. Mais il sont peut être tous maçons…
Blague à part j’ai vu récemment un article croustillant sur « l’infiltration maçonnique des médias » – je te le conseille et je précise que je ne connais pas son auteur même s’il est sans doute maçon…
Quand-Medias-devoile-le-complot-journalistico-maconnique
Je l’ai mis à la suite de ma réponse
3. Ce n’est pas l’honnêteté des journalistes qui est en cause : ils croient ce qu’ils disent et sont par définition des modèles de vertu professionnelle.
Pour autant, dire ce que l’on croit – même en croyant vraiment ce que l’on dit – ne fait pas une vérité.
Platon qui était grec – mais pas maçon c’est promis – appelait ça la doxa. Il la définissait comme l’ensemble des opinions et des préjugés colportant du bric à brac non vérifié mais présenté comme des vérités.
C’est généralement diffusé par ceux qui profitent de leur position pour les asséner comme des faits avérés et authentiques à la foule de leur concitoyens censée être elle en recherche éperdue de lumière.
Et c’est généralement partagé par ceux qui se contentent de gober les dites vérités sans examen.
La doxa n’est pas le vrai, c’est le vraisemblable, et le vraisemblable donne de la réalité une image destinée à la rendre facilement et agréablement consommable.
C’est du basique – Platon dixit – mais ça tient toujours car c’est légitimé par son caractère non vérifiable…. Mais comme chacun le sait, il n’y a jamais de fumée sans feu , etc….
Chez les Grecs la doxa se baladait sur l’agora, raison pour laquelle Socrate a essayé de mettre un peu d’ordre.
Plus tard, dans nos contrées, elle est allée de buvette en buvette. Aujourd’hui elle va d’articles en articulets et même de blogs en blogs – qui sont les buvettes du moderne -.
Clichés et représentations collectives excitantes, vieilles de plusieurs siècles ou décennies, avec complot et tout ce qu’il faut.
Archi usé – on répète sans arrêt les mêmes choses – mais vendable …. car ça correspond à ce que veut le sacro saint marché. Et ça fait du bien de lire, quand on est un citoyen moderne et qu’on rentre harassé le vendredi soir, qu’un complot fomenté par des gens pas très clairs, menace la vie paisible de citoyens innocents et victimes … frisson garanti…heureusement les médias, épris de liberté et de transparence nous protègent !
On pourrait sans doute faire une thèse sur la corrélation entre fatigue professionnelle et consommation de stupéfiants médiatiques…
La doxa c’est le tout venant standard de l’info industrielle, fabrication en série sans démarche qualité, considérée comme allant de soi et socialement croustillante. Ca pourrait être généré par un simple robot…. Pas besoin d’audace ici, on s’épanouit dans le conformisme épais de chemins éditoriaux balisés uniquement par le nombre d’exemplaires vendus… pour le reste circulez…
Sauf fait nouveau, mais à mon avis il y en aura, on pourrait presque écrire les articles de la prochaine année : « les maçons et le pouvoir », « les maçons et la droite » suivi de « les mêmes et la gauche », « qui vont-ils soutenir », « qui veulent ils dégager », « jusqu’où iront ils ? », « dans quels couloirs sombres se trame notre destin », etc… »
La doxa transforme des faits pas toujours vérifiés en principes essentiels, elle masque la réalité sous une forme d’autant plus acceptable que celui qui la propage y a un intérêt.
Le schéma est archi connu.
Il ressemble à ça.
Quand un maçon triche, il ne triche pas comme un citoyen ordinaire, parce qu’il est un tricheur. Il le fait parce qu’il est maçon. C’est génétique, à la limite il n’y peut rien. Il y a un chromosome de la triche maçonnique. On le lui implante subrepticement au moment de l’initiation. Devenir maçon c’est vivre pour tricher… il n’y a rien d’autre là dedans.
Les maçons c’est des gens qui sont incapables d’exercer une profession – je n’ose même pas dire honnête – sans passer par un réseau de magouilleurs, forcément maçons…. L’argument a déjà été développé pour d’autres dans l’histoire, sous des formes dramatiques et terribles et bien sûr la présente situation n’a rien à voir.
Mais la rhétorique est la même : elle consiste à condamner quelqu’un pour ce qu’il est par sa naissance ou par ses valeurs. Pas pour ce qu’il a fait ou pas fait.
Mais si en plus il a triché ça devient le top.
Alors que faire ?
On a déjà essayé de faire comprendre que ces gens qui trichent ne sont qu’une infime et archi minorité des 150000 maçons – hommes et femmes – de France.
Mais on a pas du être suffisamment clairs …. ou bien on a pas assez de réseaux dans les médias…. tu vois où on en est !
Les colloques organisés par la GLDF à Paris et en régions, les conférences avec R. Badinter, E. de Montgolfier, A. Kahn, L. Ferry, A. Comte Sponville, E. Morin, R. Debray et beaucoup d’autres, les colloques sur le dialogue entre les religions et les spiritualités, l’éthique et les sciences, l’universel et les communautarismes et toutes les questions qui nous passionnent, les activités de la commission des Droits de l’Homme et du Citoyen, du Groupe de Recherche Éthique, nos interventions dans les commissions parlementaires qui nous sollicitent sur ces points et ce que nous pouvons dire de la démarche initiatique elle même, n’intéressent pas ceux qui nous tirent dessus car
1.c’est pas vendeur
2.et si on organise tout ça c’est forcément pour masquer nos activités illégales bien planqués dans nos temples, etc…
Donc mon cher ami, ne t’affole plus et laisse tomber. Continue d’être maçon sereinement le mieux possible. Et fais avancer ta caravane.
J’ai quelques heures de vol, ça ne me choque plus depuis longtemps, ça me consterne seulement par sa pauvreté.
Pour en finir … ça ne va pas s’arrêter!
Et comme en ce moment certains responsables d’obédiences donnent, pour le compte, de vraies raisons de faire du papier explosif, ceux qui pensaient être à la fin d’un cycle en sont pour leur frais…
La justice finit toujours par rattraper ceux qui ont triché, en tout cas on peut le souhaiter. Si c’est le cas, que ceux qui ont triché soient sanctionnés selon les lois en vigueur. Et si les lois en vigueur sont vigoureuses tant mieux. J’applaudis trois fois puissance 4.
Mais qu’ils soient sanctionnés parce qu’ils ont triché non parce qu’ils sont maçons.
Car des dizaines de milliers de maçons – environ 999,9 sur 1000 – ne sont en rien concernés par ces palinodies pathétiques, alors que le traitement de l’information laisse entendre – involontairement sans doute – que ce sont tous des délinquants, voire plus si affinités….
Et on ne s’interroge jamais de savoir – je le crois à juste raison – quand des tricheurs qui ont triché ne sont pas maçons, à quelle école philosophique, religieuse ou artistique ils se réfèrent. On les traite simplement comme des tricheurs – et il est heureux qu’il en soit ainsi -.
Je revendique donc pour les maçons qui trichent – il y en a … malheureusement, même s’ils sont rares … heureusement – d’être traités comme tous les tricheurs, simplement.
Un traitement équitable en quelque sorte. J’allais dire fraternel … non je plaisante…
Mais in fine, quels que soient les excès et les délires de ceux qui entonnent le grand
air connu « de la morale c’est nous les experts » sur la musique connue de « notre vertu outragée », je préfère pour ma part et de toutes façons des médias libres même s’ils abusent gravement – et le bonheur de vivre dans des pays qui le sont aussi – à des médias asservis – dans des pays qui le sont aussi -.
Mais pour vivre ce nirvana il faut toutefois payer une rançon.
Cette rançon il faut la payer au quatrième pouvoir, celui que Montesquieu – encore un maçon, ils étaient déjà partout… – n’a pas pu théoriser car il ne l’avait pas vu venir.
Dommage que ce pouvoir là, qui se présente comme exemplaire – transparence, objectivité, justice, etc. – ne s’exerce pas toujours avec le souci des valeurs qu’il prétend vertueusement servir.
Montesquieu, ça l’aurait sûrement gêné. Il aurait peut être écrit sur le sujet. Mais comme il était maçon, il avait sûrement des idées pas claires derrière la tête …
A. Graesel 08.02.2011
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Informations complémentaires sur le sujet « maçonnerie et médias »
Ces deux articles écrits pas des journalistes sur la manière dont les médias traitent la maçonnerie sont fins et subtils; je les conseille…
Quand Médias dévoile le complot journalistico-maçonnique
Les intertitres en rouge sont également des journalistes
Bénédicte Charles, journaliste
Marianne | Jeudi 7 Janvier 2010
Le dernier numéro de Médias, le magazine qui est au journalisme ce que la conscience est à l’être humain, nous donne une belle leçon de courage en dénonçant le mal qui ronge la presse: la franc-maçonnerie, bien sûr. De lieux communs en approximations, en huit pages, Médias clôt le débat en enfonçant les portes ouvertes.
lls sont partout, et depuis belle lurette ils ont infiltré les médias. Dans les journaux, les télés, les radios, ils assurent la promotion des copains, même nuls, à coup de piston. Et quand un article ne leur plaît pas, gare à celui qui l’a écrit. Bref, c’est un complot permanent, une conspiration perpétuelle, une véritable plaie. Qui ça ? Les francs-maçons bien sûr. Après leur tournée dans toute la France en une de l’Express, du Nouvel Obs et du Point, ils sont en ce moment en couverture du trimestriel Médias.
Sous le titre-fleuve « TF1, L’Express, France Télévisions, Le Point, l’Afp, le Canard Enchaîné, Le Figaro, Le Parisien… Où se cachent les journalistes francs-maçons ? », le magazine qui prétend « lire entre les lignes » publie en fait non pas une enquête, mais une interview… de deux journalistes spécialistes es franc-maçonnerie Sophie Coignard (Le Point) et François Koch (L’Express). Attention ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! préviennent Robert Ménard (le très vertueux ex-secrétaire général de Reporters sans frontières, et directeur de la rédaction de Médias) et Emmanuelle Duverger, les deux auteurs de cet entretien qui s’étire sur huit pages : ici Môssieur, on « brise un tabou », on dénonce ces journalistes indignes « bien placés pour promouvoir un frère, bloquer un papier, passer sous silence une affaire gênante », on fait des « révélations ». La vache !
Eboueurs et ouvriers du bâtiment, même combat
Et quelles sont-elles, ces révélations ? Eh bien tout d’abord, il est plus compliqué de devenir franc-maçon pour un éboueur que pour un journaliste.
Mais ce n’est pas tout — et là, c’est vraiment du lourd : il y a de plus en plus de journalistes francs-maçons. Combien ? Ah ça, on ne sait pas. Mais, ainsi que l’explique François Koch, vu qu’il y a quatre fois plus de francs-macs qu’il y a 40 ans, y a pas de raison qu’il n’y en ait pas quatre fois plus dans les rangs des journaleux. Surtout — et on en revient à la révélation numéro 1 — que « si on veut avoir de l’influence, il semble plus intéressant de recruter parmi les journalistes que chez les ouvriers du bâtiment ». CQFD. (1)
Il y a pire — et même carrément de quoi faire sauter la République : les francs-maçons ont noyauté la presse au plus haut de la hiérarchie, et usent de leur pouvoir pour maintenir l’omerta. Pour preuve, deux éléments livrés par nos Rouletabille.
1) « Certaines personnes ont accès à des postes de responsabilité dans les rédactions grâce à ce qu’un de mes confrères profane appelle l’« assurance trois points ». La seule explication valable à leur ascension étant l’appartenance à la franc-maçonnerie », explique doctement Sophie Coignard. Mine de rien, la journaliste vient de percer à jour un des plus grands mystères de l’humanité : la promotion des nuls. Ce phénomène étrange que décrivait déjà Corinne Maier dans son livre Bonjour paresse et qui veut que les chefs sont parfois moins compétents que leurs employés aurait donc une seule et unique cause : la franc-maçonnerie ! Les hiérarchies des rédactions étant — toujours selon Coignard — infestées de crétins en tous genres, c’est donc la preuve qu’elles sont minées de l’intérieur par les francs-macs. CQFD bis.
2) « Je suis toujours surpris d’observer, y compris lors d’événements importants concernant la maçonnerie, que certains journaux n’en font guère état : pas une brève, pas une ligne ! », raconte François Koch. Alors quoi ? « L’existence de 160 000 maçons en France est accessoire, anodine, malgré l’incontestable goût du pouvoir propre à ce réseau ? ». Non, bien sûr : il y a certainement, « dans la hiérarchie, des gens qui mettent leur veto ». Et de clarifier son propos un peu plus loin : « Je m’interroge toujours sur les rédactions où ne sort jamais aucun article sur la maçonnerie : ne sont-elles pas tenues par des frères ? »
C’est un peu comme le 11 septembre : si la presse n’évoque jamais le fait que les attentats du WTC et du Pentagone sont des coups montés par Bush et ses amis affairistes américains, c’est parce qu’elle est partie prenante du complot (Bush et ses amis affairistes la financent!) Eh bien là, la preuve que certains journaux sont noyautés par les maçons, c’est qu’ils n’en parlent pas. Comment expliquer autrement le fait qu’ils passent sous silence l’existence d’un réseau de 160 000 âmes ? Comment surtout expliquer que ces rédactions se privent d’un sujet qui, de l’aveu des deux journalistes, est certes un marronnier, mais un marronnier qui «fait une des meilleures ventes du Point chaque année», comme le souligne Sophie Coignard? CQFD ter.
Implacable et glaçant, n’est-ce pas ?
Pourtant il y a — hélas !— encore plus grave. En effet, si le silence de certaines rédactions au sujet de la franc-maçonnerie et de ses 160 000 membres indique clairement qu’elles sont infiltrées par les initiés, que dire de l’omerta qui règne dans toute la presse nationale sur le Rotary Club et les quelques 1,2 million de membres que compte ce réseau tentaculaire dans le monde ? La presse française n’est-elle pas désormais entièrement livrée aux puissances occultes rotariennes ? Autant dire que nous allons en baver des ronds de chapeaux, à force de dîners de gala annuels — foie gras, chapon, chariot de fromages et farandole des desserts — sans parler des cocktails arrosés de champagne tiède et de propos glacés en présence du maire et du député.
Mais ça, ce sera l’objet d’une prochaine enquête de Sophie Coignard et François Koch. Si du moins ils survivent à l’article de Médias. Car nos deux intrépides enquêteurs n’y craignent pas de balancer des noms de journalistes francs-maçons, au point de mettre leur propre sécurité en danger. Enfin, ils balancent surtout un nom. Celui d’un collègue de François Koch à L’Express, en fait. Les deux investigateurs y voient la preuve qu’ils ne sont pas corporatistes. « Outer » un voisin de bureau : c’est ça, briser un tabou?
(1) Les lecteurs attentifs noteront que les éboueurs et les ouvriers du bâtiment ont au moins une chose en commun. C’est amplement suffisant pour fonder une loge maçonnique.
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« Outer » un voisin de bureau : c’est ça, briser un tabou?
L’Express impose un outing à un journaliste franc-maçon
Philippe Cohen | Mercredi 27 Février 2008
Le dossier du dernier numéro de l’Express révèle l’appartenance à une loge de l’un de ses journalistes. Apparemment sans son accord. Histoire.
Cette semaine, comme tous les ans, le magazine l’Express a fait sa une sur «les Francs-maçons et le pouvoir», marronnier de l’hebdomadaire. L’enquête, réalisée par François Koch révèle ou confirme l’appartenance aux loges maçonniques de plusieurs personnalités, dont le Ministre du Travail Xavier Bertrand, les socialistes François Rebsamen, Gérard Collomb ou Bertrand Delanoë. Rien de très original jusque là.
Au détour d’une phrase, on apprend qu’Eric Marquis, secrétaire de rédaction à l’Express, mais aussi Président de la commission de la carte d’identité professionnelle des journalistes (CCIJP) et membre de la direction du Syndicat national des journalistes (SNJ), est un franc-maçon. Avec une précision méticuleuse, l’auteur informe les lecteurs que les membres de sa loge se réunissent avec leur tablier les deuxième et quatrième mercredi du mois rue Cadet (siège du Grand Orient). Pour recueillir ces informations, le grand reporter de l’Express a-t-il dû se déplacer d’une vingtaine de mètres pour se rendre dans le bureau d’Eric Marquis ? C’est toute la question. Et comme il est assez rare – pour ne pas dire inédit – qu’un franc-maçon soit « outé » dans les colonnes de son propre journal, Marianne2 a posé la question à Christophe Barbier, directeur de la rédaction de l’Express, pour savoir si cette information avait été divulguée avec l’accord de l’impétrant. Christophe Barbier nous a assuré que la publication s’était faite en plein accord avec lui. Nous avons posé la même question à Eric Marquis, qui n’a pas souhaité nous répondre. Sauf que le journaliste a confié, à l’occasion de la dernière réunion de la Commission de la Carte, jeudi 21 février, que François Koch ne l’avait pas informé et que seul Christophe Barbier l’avait prévenu au dernier moment sans lui demander son avis.
La tyrannie de la transparence ?
L’appartenance maçonnique relève-t-elle de la vie privée ou bien doit-elle être rendue publique au nom de cette «transparence» que l’on tente d’imposer comme une évidence moderne ? De toute évidence, l’Express a choisi, l’article expliquant le refus de se déclarer publiquement franc-maçon comme une sorte de ringardisme que rejetteraient les plus modernes des frères. L’affaire n’est pas si mineure qu’il y paraît : que penserait-on si demain, un journal s’amusait à révéler l’appartenance à un parti politique ou bien à une association religieuse de l’un de ses journalistes ? D’autant qu’il existe, selon certains journalistes de l’hebdomadaire, une petite face cachée de cette affaire : François Koch, l’auteur de l’article, qui n’a pu être contacté par Marianne2, est un élu de la CFDT dans l’entreprise et aux Prud’hommes. Il est donc, à ce titre, directement concurrent d’Eric Marquis, élu, lui du SNJ. Or les élections internes à l’entreprise, qui mettront en compétition les deux syndicats, se tiendront dans quelques semaines…
Nul doute qu’en révélant l’engagement maçon de Marquis, il pouvait le mettre en difficulté auprès de ses camarades et de ses électeurs, salariés de l’Express, qui ne sont pas forcément au courant d’une appartenance qu’il n’avait pas jusqu’alors, jugé utile de rendre publique. François Koch était donc en position de conflit d’intérêt en publiant cet article ; Il est dommage qu’il ne l’ait pas compris lui-même et que sa hiérarchie n’y ait vu aucune malice…
Mis à jour (Mercredi, 28 Septembre 2011 09:13)
- Liberté, égalité, fraternité
Bonjour Alain,
La devise de la République Française est souvent avancée comme étant inspirée par la Maçonnerie. Certains auteurs avancent là les fantasmes habituels qui veulent que l’on ne prête qu’aux riches. Pourtant, pour avoir lu dans le Livre d’Architecture de la Grande Loge de France (1795 ?) ce triptyque est bien calligraphié sur une page du livre. Ce document étant une information historique, objective et indiscutable, quel est ton avis sur l’origine de la devise de notre République ?Joël B.
Réponse
Bonjour Joël,
Un mot sur l’histoire. Entendre dire que la devise « Liberté Égalité Fraternité » est l’œuvre des maçons est assez fréquent. Mais le revendiquer comme tel est à mon sens, et selon le cas, soit une erreur – involontaire – ou une supercherie – délibérée – même si des maçons et non des moindres ont contribué à l’inspirer. Lorsque la devise apparaît pour la première fois, comme tu le dis, dans une loge maçonnique, c’est en effet dans une loge de la Grande loge de France en 1795 – et nulle part ailleurs en dépit des affirmations de ceux qui réécrivent parfois l’histoire maçonnique – .
Je le précise dans mon petit livre sur la GLDF paru aux PUF coll. Que sais je? Le document original de la Grande Loge de France, dite de Clermont (du nom de son Grand Maître antérieur et décédé en 1771 le comte de Clermont) est visible au Musée Archives Bibliothèque de la GLDF , 8 rue Puteaux à Paris (voir la photo ci dessous).Et comme tu le précises : ce document est « une information historique, objective et indiscutable ». Mais elle est postérieure à des évocations déjà historiquement attestées.
Car on trouve déjà « Liberté Égalité Fraternité »en 1790 sous la plume de Robespierre dans son texte imprimé sur l’organisation des Gardes nationales. Il y avait des maçons autour de Robespierre. Mais son appartenance maçonnique cependant n’est pas absolument certaine et fait l’objet de controverses entre historiens.
On trouve également la formule « La République une et indivisible – Liberté, Égalité, Fraternité » sur les murs de Paris en 1793. D’une façon générale. Il y avait évidemment des maçons révolutionnaires – et qui s’opposaient souvent sans guère de tolérance, jacobins, girondins, etc… – . Mais il y avait tout autant des maçons monarchistes, plus ou moins modérés, plus ou moins favorables à une constitution – on note d’ailleurs que le Grand Maître du Grand Orient de 1789, le duc de Montmorency Luxembourg, fut parmi les premiers nobles à fuir la France -.
Un constat que je partage avec d’autres: pas plus que la Révolution de 1789 n’est un bloc (l’historien François Furet a brillamment critiqué la formule très politique du discours de Clemenceau le 29 janvier 1891 à la Chambre des députés) pas plus la maçonnerie de 1789 n’est un bloc: il y eu des maçons de tous les bords, noblesse, clergé, tiers état, … certains ont guillotiné, d’autres ont été guillotinés, il s’agissait d’ailleurs parfois des mêmes…. Prétendre le contraire est à mon sens du révisionnisme historique.
La suite ne fut d’ailleurs pas un long fleuve tranquille… Elle disparaît sous le 1er empire – pourtant connu pour avoir été la grande période d’une maçonnerie d’état surabondante: tout l’entourage direct de Napoléon, pas vraiment très « républicain », en était –. Elle n’a pas sa place sous la Restauration mais revient en 1848 avec le Franc maçon Louis Blanc, et disparaît à nouveau sous le Second empire pour être finalement adoptée à la fin du 19e par la 3e République comme sa devise officielle – on sait que Pétain préférera autre chose … –. Elle figure enfin dans la Constitution de 1958. En résumé : la devise est antérieure (1790) à sa revendication par les maçons de la Grande Loge de France (1795) et si certains d’entre eux ont contribué à son élaboration et à sa diffusion, ils ne sont pas les seuls à l’avoir fait.
Un mot sur le triptyque. Cette devise est également celle de la Grande Loge de France et figure en tête de sa Constitution. Que les maçons se sentent en harmonie avec ce triptyque, c’est au regard de leurs valeurs plutôt normal et même souhaitable, et on peut souligner que les régimes dictatoriaux ou totalitaires s’accommodent mal de la maçonnerie car ils s’accommodent mal de ces valeurs. Certains textes rituels font une allusion directe à nos textes républicains et en effet, une réflexion sur ces valeurs est fréquemment proposée aux Frères de la GLDF dans certains de leurs travaux : Liberté ou laxisme? Égalité de droits et de devoirs? Égalitarisme, équité ? Fraternité ou communautarisme? La liste n’est pas exhaustive.
Convenons cependant que la démarche initiatique ne peut pas se résumer à une réflexion sur ces valeurs qui peuvent aussi bien être débattues dans des associations non maçonniques, cercles philosophiques, partis politiques, etc. En faire une exclusivité maçonnique serait une imposture : la maçonnerie ne peut prétendre à aucune exclusive sur ces valeurs et dans l’histoire des hommes et des femmes non maçons sont morts au nom de ces valeurs tout autant que des maçons. Mais ceci ne fait pas l’objet de la question et c’est pourquoi je m’arrête ici.
Voilà mon cher Joël. J’espère avoir éclairci un peu la question. Bien cordialement à toi. A.G. 14.03.2011
On voit distinctement dans ce relevé d’assemblée générale d’une loge de la Grande Loge de France – daté d’octobre 1795 – apparaître en milieu de la page de gauche la formule « Liberté – Égalité – Fraternité ». Elle remplacera progressivement la formule antérieurement utilisée dans les documents maçonniques qui était « Salut – Force – Union ». C’est le premier document maçonnique qui en fait explicitement état. Musée de la GLDF
Mis à jour (Mardi, 15 Octobre 2013 17:32)
- La propriété des rites ? La propriété du REAA ?
Bonjour,
J’ai entendu dire récemment que le grand orient de france serait le « propriétaire de tous les rites maçonniques en france »
Est-ce vrai ? Et si c’est le cas est ce vrai aussi pour le REAA que nous pratiquons à la Grande Loge de France car je croyais que c’était elle qui en était propriétaire ?
Merci de ta réponse.
F.Garnier
Réponse
Je l’ai déjà entendu moi aussi.
Qu’en est il réellement ?
Propriété : on pourrait demander avec humour « propriété intellectuelle ou commerciale ? »
La propriété intellectuelle laisserait entendre que le GODF est à l’origine de la conception du REAA. On sait que n’est pas le cas car les loges qui ont conçu, pratiqué et stabilisé les rituels ayant servi de base au REAA l’on fait dans les année 1740 / 60 donc avant la naissance même du GODF qui se produit en 1773 par scission avec la GL de France de 1728 / 1736. Le REAA en effet est inspiré pour l’essentiel de rituels traditionnels écossais mais aussi essentiellement français, est né non en Ecosse mais en France, dans certaines des loges de la Grande Loge de France de 1728 et dans les mères loges écossaises des grandes métropoles de l’époque – Marseille, Bordeaux, Lyon, Metz, etc…- structures indépendantes fonctionnant comme des obédiences et accordant des patentes. Elles étaient nombreuses en France au milieu du 18e siècle et la plupart ont d’ailleurs refusé de rejoindre le GODF en 1799 au moment de la fusion des archives de ce dernier avec la GLDF.
Propriété commerciale ? Ce n’est évidemment pas le cas, mais si cela était ce serait cocasse car cela signifierait que le GODF pourrait facturer des royalties aux obédiences pratiquant le REAA pour qu’elles aient le droit de le faire! Je ne crois pas que le GODF l’aie jamais demandé et je pense que si par humour il envisageait de le faire les réactions seraient à la fois amusantes et percutantes !!
Il semble donc qu’en fait il n’en a certainement pas la propriété….
La première institution qui a historiquement porté le REAA sur ses fonts baptismaux et l’a développé en France n’est pas le GODF mais le Suprême Conseil de France, créé en 1804 par A. de Grasse Tilly, qui fut membre de plusieurs loges de la GLDF de 1728 et qui revint d’Amérique avec les droits maçonniques de fonder un Suprême Conseil après la fondation en 1801 de celui d’Amérique à Charleston – c’est la fameuse « Circulaire aux deux hémisphères » – .
Et comme tu le sais sans doute, la juridiction du SCDF, indépendante et souveraine tout comme la GLDF, ne doit évidemment rien au GODF même si celui-ci, dans le cadre du Concordat a souhaité mettre fin à cette indépendance. La maçonnerie impériale obéissant à une logique exclusivement politique il n’a pas été possible de régler facilement le problème mais l’affaire s’est définitivement soldée après la chute de l’empire même si le GODF a fait ensuite encore plusieurs tentatives – historiquement avérées, il suffit d’examiner les archives du SCDF et de la GLDF – pour prendre le contrôle à la fois de la juridiction et de l’obédience.
Ironie de l’histoire, le SCDF – second dans le monde après celui d’Amérique et premier en Europe – qui est donc à l’origine du REAA en France ne revendique pas sa propriété, ce qui serait une ineptie au sens initiatique. Il veut simplement en être le gardien et défenseur et développe ses actions dans un esprit de liberté respectueux de tous.
De la même façon comme tu le soulignes, les loges de la GLDF pratiquent exclusivement le REAA, à 6 ou 7 exceptions historiques près. Mais l’obédience n’a jamais prétendu, à ma connaissance, en réclamer la « propriété », car elle ne revendique, elle non plus, aucune hégémonie sur la maçonnerie en France.
Il s’agit donc d’une rumeur sans autre fondement que les fantasmes de ceux qui la diffusent.
J’ignore d’où elle vient et il ne faut pas lui accorder plus de temps que celui qui a été nécessaire pour rédiger ma réponse.
Je pense d’ailleurs que les frères du GODF ont eux-mêmes sans aucun doute trop d’amitié pour ceux de la GLDF pour vouloir répandre sciemment et consciemment ce qui est in fine une contrevérité
Je te remercie néanmoins de cette question qu’il n’est pas sans intérêt d’éclaircir.
Bien fraternellement
A. Graesel 1er fév. 2011
Mis à jour (Mercredi, 28 Septembre 2011 09:11)
- L’ORDRE ECOSSAIS ET LE GRAND ORIENT DE FRANCE